P. Brocorens.

04 octobre 2022 – Paris – ASPO France meeting

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Résumé

De nombreux phénomènes de croissance se déroulent en présence d’une limite ou d’un seuil de saturation. Ils suivent alors une courbe logistique, tels que certaines dynamiques de populations d’êtres vivants, l’apprentissage d’une langue, la proportion des habitants d’un pays ayant un smartphone, ou l’étendue du réseau ferroviaire d’un pays. La production pétrolière fait partie de ces phénomènes, étant une ressource finie soumise à une extraction croissante depuis le milieu du XIXème siècle. Il est donc possible d’utiliser les propriétés de la fonction logistique et de les appliquer sur les données de production passées pour évaluer les réserves ultimes de pétrole et estimer les trajectoires de production future.

La méthode développée par Marion King Hubbert dans les décennies 1950-1980 a ainsi été largement utilisée dans ce but. Cependant, certains facteurs tels qu’un artefact mathématique inhérent à la méthode, ou la présence de régimes exponentiels précédant le régime logistique, conduisent bien souvent à sous-estimer les réserves ultimes et à prévoir de façon erronée la date du pic de production.

Dans cette présentation, nous revisitons la méthode de Hubbert, en obtenant un suivi des estimations d’ultime et de taux de croissance logistique au cours du temps, ce qui permet d’évaluer l’ampleur de potentielles futures révisions, et d’appliquer la méthode à des profils de production qui ne suivent qu’un temps le modèle logistique. Les estimations d’ultime permettent également de calculer un niveau de déplétion apparent, un indicateur permettant d’anticiper la survenue d’un pic de production. La méthode a été appliquée à trois cas d’école: le pétrole conventionnel des 48 états contigus US (profil de production symétrique), le pétrole conventionnel norvégien (profil de production à deux cycles), et le gaz de roches mères du Barnett (profil de production asymétrique). Cette méthode permet également d’analyser des scénarios de production, d’en extraire notamment des présupposés en termes de réserves ultimes et de taux de croissance logistique. Ce genre d’analyse a été appliqué à certains scénarios de production de l’Agence Internationale de l’Energie.