Analysis of the Shift Project 2021 forecast for Saudi Arabia.

P. Brocorens 

05 mars 2024 – Paris – ASPO France meeting

L’Arabie Saoudite est vue depuis longtemps comme un stabilisateur des marchés pétroliers, en produisant en dessous de ses capacités. Depuis 1991, l’Arabie Saoudite a donc une production qui forme un plateau, et ce plateau est incliné (augmentation). Le scénario de l’étude 2021 du Shift Project indique que ce plateau se terminerait vers 2030, et que la production suivrait ensuite un lent déclin. Ce scénario est basé sur une étude champ par champ des gisements, ainsi que sur une estimation des futures découvertes.

La linéarisation de Hubbert montre que le scénario du Shift suit une trajectoire logistique, ce qui est assez remarquable vu que la méthodologie utilisée ne présupposait rien de logistique. Si la trajectoire est logistique dans le futur, on voit que c’est également vrai dans le passé jusque 2000. L’Arabie Saoudite serait-elle déjà sous contraintes géologiques depuis l’an 2000 ?

Si la trajectoire du Shift est suivie, la signature de la production dans l’espace de Hubbert n’est pas non plus celle d’un pays qui sous-produit volontairement, et ce depuis encore plus longtemps, depuis le début de ce qu’on a appelé le « plateau de production » (1991). D’autre part, le taux de croissance intrinsèque trouvé est de seulement 4,1%/an. C’est beaucoup plus faible que la Norvège (18%/an), les USA (6,5%/an), et même le monde (4,5%/an). Cette séquence Norvège-USA-monde est logique car plus le niveau d’agrégation des données est élevé, plus le taux attendu est faible vu le déphasage des cycles de production. Donc, pour l’Arabie, ce taux semble faible. Ca voudrait dire qu’une fois le pic passé, le déclin va progressivement augmenter pour atteindre en fin de cycle 4,1%/an. Pour un pays avec peu de gisements, on aurait pu s’attendre à trouver un taux plus élevé, entre celui de la Norvège et des USA par exemple. Est-ce donc l’effet taille des gisements qui dominerait ici, les grands ayant des taux de déclin plus faibles que les petits ?

Ne pourrait-on imaginer des scénarios avec des taux plus élevés ? Déjà à partir de 5%/an, on a une signature typique d’un pays qui sous-produit volontairement depuis 1991 ; le plateau serait donc un vrai plateau. Et avec un taux intrinsèque de seulement 6%/an, on peut repousser le pic de 20 ans. Le déclin est plus raide mais le pays ne va-t-il pas être tenté de repousser le déclin par différents moyens techniques sous l’action de pressions extérieures (réengagement des USA au Moyen-Orient avec le pic et déclin du shale oil US) ou intérieures (la paix sociale assurée par les pétrodollars)?  

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