Tribune de Bernard Durand, 24 juillet 2023.

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Un réseau électrique n’est stable que si la puissance électrique produite par l’ensemble des centrales électriques qui l’alimentent est égale à chaque instant et en tous lieux à la puissance électrique demandée par les consommateurs. En raison du caractère extrêmement variable et incontrôlable de sa puissance, qui dépend de la météo et non de la volonté humaine, l’électricité éolienne est incapable d’y remplir à elle seule ces conditions impératives d’égalité en tous lieux et à tout instant de la puissance produite à la puissance consommée, et de maintien de la fréquence. Une méthode pour utiliser l’électricité éolienne (ou solaire PV) consiste à l’associer sur le réseau à de l’électricité produite par des centrales dites « pilotables » (centrales à gaz, nucléaires, hydroélectriques, …) parce que celles-ci peuvent produire à la demande du consommateur.

Le choix n’est donc pas entre éolien (et/ou solaire PV) et centrales pilotables, mais entre les différentes catégories de centrales pilotables nécessaires pour les assister. Et tout développement important de notre puissance installée en éolien (en solaire PV) devra être précédée par une augmentation équivalente de la puissance disponible en centrales pilotables qui leur seront associées.

Utiliser des centrales nucléaires en association avec de l’éolien et du solaire PV autrement qu’à la marge n’est pas judicieux, car elles ne sont pas conçues pour encaisser les incessantes et brutales variations de puissance qui en résultent. Par ailleurs les possibilités d’augmenter notre puissance en centrales hydroélectriques pilotables sont très limitées. Pour faire plus d’électricités intermittentes (EI), éolien et solaire PV, il nous faudrait donc leur associer de plus en plus des  centrales à combustibles fossiles supplémentaires qui seront constamment sollicitées.

Alors qu’une augmentation de notre puissance nucléaire sans augmentation de celle des EI permettrait, avec quelques centrales à gaz supplémentaires qui ne seraient utilisées que très peu de temps dans l’année pour passer les fortes pointes de consommation, de garantir dans les années à venir une consommation accrue d’électricité pratiquement décarbonée à bien moindre coût !